Cette série de plusieurs centaines de clichés est le résultat d'un processus engagé autour du langage et de sa réception dans l'espace public. Une bombe de peinture dans le sac, j'arpente les rues de Paris, tel un scribe à la recherche d'une tablette vierge. Chaque matelas a sa qualité, sa taille, sa texture, son usure, sa tenue. Ils portent en eux et sur eux les traces du vécu de leur propriétaire. Tâche, auréole, fluides en tout genre, ils sont bien les dépositaires de l'espèce humaine en veille. Témoin de nos soupirs les plus variés, les voilà porteur d'un dernier message adressé à l'humanité.
Agir dans la sphère publique n'est pas chose aisée. Les phrases élaborées à l'avance s'incarnent en fonction du contexte et de l'humeur du moment.
Le message est construit sur un jeu de langage, fondé sur l'ambiguïté et l'humour. Il y est question de vulnérabilité humaine, de vérité retournée et d' absurdité. C'est en disruptant nos habitudes de lecture dans un espace où l'information est orientée vers l'utile, que quelque chose d'autre peut advenir.